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jeudi 31 mai 2012

Mon histoire


Par Carole Fortier, CEA de Saint-Prosper


Un jour, après plusieurs examens, mon chirurgien m’annonça une triste nouvelle : j’avais un cancer dans le sein droit. Je ne pouvais pas y croire. « Moi! À 31 ans! Ça s’peut pas! J’suis beaucoup trop jeune… » Et je me mis à pleurer. Le chirurgien continua à me parler, mais j’étais déjà partie dans ma bulle à me poser plein de questions.

Ce matin-là, avant d’aller à l’hôpital, je ne voulus pas parler à mon conjoint de venir avec moi à mon rendez-vous afin qu’il ne manque pas une journée d’ouvrage. J’étais certaine que je n’avais rien. Alors, j’amenai mon fils de sept ans. Quand mon chirurgien m’annonça cette nouvelle, mon fils comprit tout. Il se mit à pleurer lui aussi, mais j’étais incapable de le consoler parce que j’étais moi-même encore sur le choc. Mon chirurgien prit un « kleenex », essuya mes yeux et m’amena dans une autre salle afin de prendre un prochain rendez-vous. Il m’indiqua les examens à faire avant ma chirurgie, qui aurait lieu deux semaines plus tard.

Bouleversée, je quittai l’hôpital pour aller voir mon conjoint à son travail et lui annoncer la mauvaise nouvelle. J’envoyai mon fils chercher son père parce que je ne voulais pas que les autres personnes me voient pleurer. Comme ça prenait trop de temps, je décidai d’y aller. Dès que je le vis, je lui annonçai que j’avais le cancer. Il resta bouche bée, il ne savait plus quoi dire. Nous étions incapables de nous regarder parce que nous pleurions trop, alors il me prit dans ses bras pour me consoler. Il était lui-même très triste. Finalement, je repartis toute chavirée avec mon fils. Tout le long de la route, je n’ai pas arrêté de pleurer. Comble de malheur, en arrivant à Saint-Zacharie, je m’aperçus que j’avais une crevaison. Je fus obligée d’appeler quelqu’un pour qu’il vienne mettre la roue de secours. Je n’avais pas la force de le faire. De peine et de misère, je me rendis au garage pour faire réparer mon pneu.

Pendant ce temps, mon conjoint, incapable de travailler, revint à la maison. Comme je n’étais pas encore arrivée, il s’inquiéta. Il partit donc à ma recherche, qui a duré plus de deux heures, ne sachant pas que j’étais au garage à faire poser des pneus. Quand il m’a retrouvée, il fut soulagé et heureux qu’il ne me soit rien arrivé.

Pendant les deux semaines d’attente avant l’opération, j’ai passé une batterie de tests pour voir si mon cancer ne s’était pas propagé ailleurs. Quelques jours avant d’aller rencontrer mon chirurgien, je m’aperçus qu’une autre bosse s’était formée dans le même sein. Elle était minuscule. J’avertis mon conjoint de ne pas en parler au chirurgien pour voir s’il allait la trouver, et en même temps, ça me permettait de vérifier s’il était un bon chirurgien. Quand je le revis trois jours avant mon opération, il m’examina et trouva ma minuscule bosse. Mais il ne pouvait pas me dire si c’était cancéreux. Il m’expliqua que lorsqu’il allait m’opérer, il allait la faire analyser et s’il s’avérait qu’elle était cancéreuse, il serait obligé de me faire une mastectomie totale.

Le jour de l’opération, je ne savais pas à quoi m’attendre, si j’allais me réveiller avec un sein ou pas de sein. À la salle de réveil, la première chose que je fis, ce fut de passer ma main sur mon sein droit et de m’apercevoir que je n’avais plus de sein. Je me mis à pleurer. L’infirmier me consola en me tenant la main, mais ce dont j’avais le plus besoin, c’était d’avoir mon conjoint près de moi. Je restai à l’hôpital trois jours.

Un mois plus tard, je commençais la chimiothérapie. Je fus très malade. J’ai même perdu tous mes cheveux. Un matin, je décidai de me raser parce que j’en avais assez de cette sensation d’avoir plein d’aiguilles sur la tête. Ça faisait tellement mal. J’eus beaucoup de difficulté à accepter la perte de mes cheveux. C’était ma féminité qui était en jeu…

Par la suite, je reçus quatre traitements de chimiothérapie et trente traitements de radiothérapie. Mon cancer était au stade deux, il s’était aussi propagé aux ganglions. Je n’avais pas besoin de faire la radiothérapie, mais mon chirurgien me proposa de participer à une étude. Je ne voulais pas y aller parce que c’était à Québec. J’avais de jeunes jumeaux de sept ans qui avaient encore besoin de moi à la maison. Je pleurai, mais mon conjoint ne convainquis de faire les traitements parce que si le cancer revenait, j’allais m’en vouloir. Il me dit aussi de ne pas m’en faire pour les enfants, qu’il allait s’en occuper. Toutes mes craintes s’envolèrent et j’acceptai.

Trois ans plus tard, j’eus une reconstruction du sein. Cette opération-là fut la plus dure de toute ma vie. Pendant plusieurs mois, j’ai eu de la difficulté à marcher. Les infirmières venaient à la maison tous les jours pour soigner mes infections. J’étais obligée de courir les hôpitaux pour régler tous ces problèmes d’infection. Malheureusement, je fis une allergie aux pansements. La peau arracha quand on me les enleva. Je commençais à me décourager, j’avais hâte que ça finisse. Mais je ne m’apitoyai sur mon sort, je décidai d’y faire face et de me battre pour vaincre ce foutu cancer.

Maintenant, je vais mieux. Je passe une mammographie toutes les années. L’an prochain, je fête mon dixième anniversaire et je suis bien contente d’avoir pu passer à travers cette dure épreuve.

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