Par Emmanuel Morin - CEA de Beauceville
Je m’appelais Ève. J’étais une jeune femme des
États-Unis, mais j’avais voyagé au Québec dans la région campagnarde de la
Beauce. Les paysans de ce petit coin de pays vivaient de l’agriculture, de
l’élevage du bétail et du commerce du bois. J’adorais cette région reculée.
J’avais quitté la grande ville de New York pour fuir les malfaiteurs.
Aujourd’hui,
c’était mercredi. Donc, je partis vers le grand marché du village. Devant la
pharmacie, l’éclairage était aveuglant. Sous la luminosité trop élevée, les
ainés du village me regardaient d’une façon intense comme s’ils voulaient me
dévorer. Je repris ma route, déstabilisée, mais sans le montrer. Chassant l’idée
de cannibalisme, j’ouvris la porte de la boutique et entrai. Au même moment,
trois hommes se levèrent du banc. Un frisson de terreur me parcourut le corps,
ce même corps qui portait ma si belle silhouette. Je les regardai agir, l’un
sortit du groupe et les deux autres se dirigèrent vers moi. D’abord pétrifiée
sur place, je repris ensuite ma route vers le marché, mais, incapable de les
semer, je me fis intercepter par les deux hommes. L’un d’eux me bouscula et
l’autre me cria des choses terrifiantes qu’ils voulaient me faire. Enfin
capable de fuir, je me dirigeai vers mon auto et partis pour ma demeure. Tellement
choquée et abasourdie par cet événement troublant, je ne compris pas pourquoi
les deux hommes avaient agi ainsi. Un bruit derrière moi me fit sursauter. Je
me retournai et l’aperçus dans la pénombre. L’homme qui avait quitté le groupe
sortit un couteau suisse de sa poche pour me menacer au cou. Il monta dans la
voiture et m’ordonna de prendre la prochaine sortie qui menait à la vieille
forêt du village non loin de la clairière. Il leva mon gilet. Il admira ma
poitrine. Le couteau me serra le cou et l’autre main m’empoigna un sein. La
peur envahit mon âme. Exaspérée par cette scène interminable, je quittai le
plateau de tournage.