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jeudi 31 mai 2012

Mes trois meilleures amies


Par Cassandra Gignac-Tardif, CEA de Saint-Prosper


Tout commence par une délicieuse sensation comme j’en ai rarement connue. Mais, étonnamment, cette sensation me plaît bien. Je ne veux surtout plus m’en départir, car je suis comblée. En quelques instants, j’oublie ma vie.

C’est le soir, et depuis quelques heures déjà, j’obtiens un sentiment de bien-être. Cette sensation que j’ai toujours recherchée dans ma vie, comme celle d’un oiseau qui vole de ses propres ailes. Je veux voler haut, très haut, alors je consomme. Au début, la marijuana me permet de tout oublier, ce qui fait de ma vie un véritable enfer. Quelle sensation stimulante! Quoi demander de mieux? Rapidement, ce n’est plus assez. Je veux une dose beaucoup plus forte. Alors je décide d’aller rejoindre la cocaïne, sans oublier ma première véritable amie : la marijuana. Quelle belle perception que d’être accompagnée par ses deux meilleures amies! Oui, je l’avoue, je suis « accro » à ces deux substances. C’est tout ce qui me reste de bon dans ma vie. Mais encore une fois, j’en veux plus. J’ai maintenant besoin d’une troisième amie : l’ecstasy m’amène dans un tout autre monde. Cette sensation d’euphorie interminable, d’hallucinations invraisemblables. C’est ce que je recherche. Que vouloir de mieux que d’avoir ses trois meilleures amies qui s’entendent aussi bien? Démesurément, j’abuse de leur fidèle amitié qu’elles m’accordent.

Pendant plusieurs années, la drogue et l’alcool contrôlent ma vie, mes pensées, ma façon d’agir et même mes choix. Elles contrôlent également mes intérêts. Je n’ai que ces quelques amies sur qui je peux compter. Je ne parle pas ici d’êtres humains, mais bien de mes trois meilleures amies. Je crois que pour se droguer autant que je le fais, c’est d’être malheureuse pas à peu près. Avoir toujours ce mal de vivre à l’intérieur sans être capable de l’expliquer. Il n’y a rien de plus douloureux. Et l’enfoncement qui suit ce malheur.

Maintenant quatre ans que nous sommes toutes réunies. Elles font désormais partie de chaque jour de ma vie. Plus personne ne me reconnaît. J’avoue que je ne me reconnais même pas moi-même. C’est triste? Peut-être bien. Mais j’ai pris goût à ces épatantes alliées. Je suis de plus en plus maigre. Je suis de plus en plus cernée sous les yeux. Je suis de plus en plus agressive au point de m’auto-frapper à m’en faire des bleus ou à me fracturer un doigt, une jointure, une côte et même un os de la joue. Cette amitié m’a réellement détruite. Je suis maintenant en grosse dépression. Comment faire pour m’en sortir? Pourquoi m’être rendue jusque-là? Est-ce vraiment possible d’être si mal dans sa peau? De ne plus s’aimer à ce point?

J’espère du plus profond de mon cœur que tu as bien lu ces lignes. Si tu consommes, je t’en supplie, lâche la drogue avant que ce soit elle qui te lâche. Ce n’est pas un jeu, mais bien ta vie qui est en jeu. Moi, j’ai failli y laisser ma peau à plusieurs reprises.

Chaque personne a son histoire. C’était MON histoire. En espérant que ça ne soit jamais la tienne. Choisis une autre histoire, car chaque personne mérite beaucoup mieux que de rencontrer ces substances. Ces trois amies sont monstrueusement coriaces. Ne les laisse jamais entrer dans ta vie, car cette amitié va te détruire et te restera dans la peau.

Voilà maintenant un peu plus d’un an que j’ai perdu mes trois meilleures amies…

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