Par Valérie Poulin, CEA de Sainte-Justine
Claude
croyait que la vie lui sourirait enfin et que ses plus beaux jours étaient à
venir. Hélas! Une mauvaise décision lui avait fait perdre la chance que perdure
son bonheur.
Sorti
indemne d'une violente grippe l'an dernier et qui lui avait valu plusieurs mois
d'hospitalisation, Claude, quarante-deux ans, s'était bien rendu à l'évidence
qu'il était peut-être temps pour lui de réaliser ses rêves. Sportif et
passionné par la nature, Claude avait toujours rêvé secrètement de posséder son
propre magasin de sport. Décidé, une semaine après sa sortie de l'hôpital, il
abandonna son emploi et acheta le local qui était en vente — une reprise de la
banque — près de sa demeure.
Ce
nouveau rythme de vie lui permettait plus souvent de s'abandonner à son sport
favori : le kayak. Sur le fleuve Saint-Laurent, il pagaya, ému d'être en
vie et de jouir du plein air un jour de semaine.
Habituellement,
lorsque le courant du fleuve été moins favorable pour s'y aventurer, Claude
s'abstenait. Par contre, cette journée-là, le courant était bien présent, mais
rien ne l'aurait arrêté.
Installé
dans son canot de bois, il entreprit une escapade des plus difficiles. Le
soleil plombait sur ses joues, mais le vent lui menait la vie dure. Subitement,
le soleil se cacha pour faire place au nuage. Une pluie torrentielle lui
embrouilla la vision.
Il
s'inquiéta sur la manière dont il pourrait rejoindre la rive. Pendant plus
d'une demi-heure, il fit face au fleuve déchaîné avant de rejoindre la terre ferme.
Trempé jusqu’aux os, Claude n'en croyait toujours pas d'avoir réussi à se
sortir de cette aventure. Il installa son kayak de peine et misère sur le toit
de sa voiture.
Sur
le chemin du retour, il décida de passer voir ses employés avant de prendre une
douche. Claude remarqua quelque chose d'étrange en entrant dans son magasin.
Aucun employé à la caisse, aucun client dans les rayons. Pourtant, il avait
remarqué le peu de places vides dans stationnement. Quelques pas avaient suffi
pour apercevoir, sortant d'une cabine d'essayage, un homme armé le pointant d'un
fusil.
–
Êtes-vous le propriétaire des lieux?
–
Oui!
Cela
avait été le dernier mot que Claude avait prononcé. L'homme lui avait tiré
dessus sans explication.
Le
lendemain, on raconta dans les journaux que le tueur était en dépression depuis
que la banque lui avait repris tout ce qu'il possédait : sa bâtisse
commerciale.