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lundi 13 février 2012

Ma raison


Par Joël Lessard-Fortier, CEA de Beauceville
Le ciel était rose ce soir-là. Et moi, j’étais mort. J’étais mort d’ennui, mort de solitude, elle n’était plus là. Puisque l’alcool, pour moi, était devenu une alternative à la vie, je me noyai encore. Et encore…
Je montais donc tous les soirs au grenier dans ce que j’appelais mon petit refuge, avec pour seules amies une chandelle et une bouteille de fort. Qu’avait-elle fait de moi? Qu’avait-elle fait de l’homme bon et accompli que j’étais devenu? Mon âme était devenue noire et ma peau d’un ton grisâtre, j’amorçai ma descente. On cogna à la porte. Qui cela pouvait bien être? Je regardai à la fenêtre et je ne vis personne…personne? Mon imagination me jouait encore des tours. L’idée qu’elle me revienne me hantait, mais elle ne voulait plus de moi, tout comme la vie ne voulait plus de moi. J’étais mort, à quoi bon vivre si j’étais déjà mort? Et chaque soir, je regardais fixement cette corde accrochée au mur. Je voulais te rejoindre. Je voulais retrouver cette partie de moi.
Il était cinq heure du matin lorsque je me réveillai, la bouteille à la main, à moitié vide. J’étais tellement soûl que je pouvais à peine marcher. Je voulus descendre à ma chambre marche après marche, mais ce fut très difficile, voir impossible, donc j’en sautai quelques-unes. Je n’ai fait aucun rêve ni cauchemar cette nuit-là. J’étais tellement soûl que j’étais tombé dans un profond sommeil, quasi-comateux. Et chaque nuit par la suite était devenue vide et exempte de rêve. Cela faisait maintenant quatre longues années que je m’enfermais seul dans ma maison, à m’endormir chaque fois plus soûl, à oublier qui j’étais.
La raison m’avait quitté, juste après ton départ. Je regardais donc pour une dernière fois cette corde, une dernière fois cette maison. J’allais enfin te rejoindre ma fille unique, je t’aime.

Ma vie, ma passion

Par Marika Turcotte, CEA de Beauceville

J’avais seulement trois ans quand tout ça a commencé. Ça fait maintenant 14 ans que je pratique l’équitation. À 12 ans, j’ai eu mon propre cheval, Flash (Mc Queen pour les intimes). Tout un défi m’attendait!
Il avait peur de tout, il n’avait jamais vraiment eu quelqu’un sur son dos. Mais après beaucoup d’efforts et de persévérance, j’ai réussi. J’avais enfin gagné sa confiance. Maintenant, nous pratiquons le gymkhana.
Ce sport consiste à contourner les épreuves le plus rapidement possible avec perfection sans faire tomber l’obstacle. Je peux vous dire que ce n’est pas toujours évident! Pour ceux qui trouvent que l’équitation n’est pas un sport, détrompez-vous. On ne sait jamais quand la bête d’une demi-tonne peut nous piétiner.
Pour finir, j’aurais une petite question pour vous : savez-vous à quelle vitesse peut courir cette bête? Entre 50 et 80 km à l’heure. Pas si mal, hein? (Surveillez la publication des photos de Marika dans le prochain journal étudiant du CEA de Beauceville, de Saint-Prosper et de Sainte-Justine en mai prochain.)

lundi 6 février 2012

Voyeurisme charnel!

Par Marouscia B. Deschamps, CEA de Saint-Prosper 

On la voyait toujours plume ou pinceau à la main, elle représentait ou bien déformait la réalité d’une façon remarquable, ce qui lui valait les commentaires admiratifs des autres aspirants de sa classe d’art. Delphine avait un talent inné pour le dessin et c’est pourquoi elle avait choisi d’étudier l’art au Cégep. Elle était plutôt discrète, se recluant dans son coin pour laisser libre cours à son imagination. Elle avait un visage presque angélique, des traits doux avec de petits points de rousseur. Mais ce qui la différenciait des autres, c’était ses petits yeux en amande dont un de couleur bleu clair et l’autre d’un vert intense. Elle gardait attachée sa longue tignasse bouclée châtain roux.
Un jour, vers la fin de sa journée, elle retourna à l’école ayant oublié son canevas d’artiste. Voulant dire un mot à son professeur, monsieur Coley,  elle fit un détour par sa classe. Par l’ouverture de la porte, elle entendit ce qu’elle croyait être un gémissement… Ou plutôt, elle vit un ébat des plus torrides entre monsieur Coley et sa professeure de littérature. Elle fut estomaquée, mais en même temps éblouie par les formes ravissantes que dévoilait monsieur Coley. De la courbe de ses fesses bronzées dans ses élans effrénés jusqu’au petit grain de beauté sur son épaule gauche, c’était là un spectacle délectable. Elle examina chacune de ses jolies courbes et courut jusqu’à chez elle afin d’imprimer sur papier ce corps asymétriquement parfait avec la longueur  de son membre robuste. Delphine se surprit à fantasmer cette nuit-là. Toute la journée, elle ne voyait que son corps dénudé marcher le long des pupitres frôlant presque son visage lorsqu’il passait près d’elle. À la fin des cours, elle s’attarda à sortir espérant peut-être qu’il lui demande de poser pour lui ou peut-être pour empêcher que son corps sublime se laisse à nouveau tenter. Elle revint ce soir-là pour assouvir ses pupilles assoiffées de quelques gouttes de plaisir mais à son plus grand désarroi, elle ne put s’en abreuver. Laissant paraître à chaque jour un morceau de peau plus grand et laissant tomber son crayon, elle espérait parvenir à ses fins les plus altruistes. Le monde avait comme soudainement dévoilé toutes ses couleurs et ses œuvres devenaient de plus en plus charnelles pour ne pas dire obsessionnelles.
Ce soir-là, elle rentra chez elle avec l’envie de se mettre au lit le plus tôt possible mais elle fut étonnée de voir que sa mère était déjà rentrée. Elle lui apostropha ses croquis à la figure avec la ferme intention de savoir ce qu’il en était. Elle fut soulagée de savoir que ce n’était pas sa fille qui avait eu un rapport intime avec monsieur Coley , mais bien sa professeure de littérature. Cela n’en resta pas là puisqu’elle eut une brève discussion avec le directeur de l’établissement et qu’à la plus grande tristesse de Delphine, son charismatique professeur d’art fut renvoyé. Delphine n’oublia jamais ce corps fabuleux et exquis de ce charmant modèle!