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dimanche 8 janvier 2012

Dany Laferrière : un voyage historique et littéraire à travers les époques

 Par Maude Gilbert, enseignante de français

«L’art presque perdu de ne rien faire», récente parution de l’écrivain québécois d’origine haïtienne, Dany Laferrière, c’est d’abord et avant tout un roman d’idées, comme le dit si bien l’auteur lui-même. La mise en scène de ses idées «…avec la naïveté de l’enfant et la roublardise de l’écrivain», précise-t-il d’emblée sur la quatrième de couverture. Dans son œuvre, l’auteur ravit à coup sûr le lecteur par son écriture riche, fluide, parfois poétique, parfois très critique, mais surtout teintée de passages historiques et littéraires remarquables. Un livre à savourer au même rythme qu’une mangue qu’on aurait dégustée dans les règles de l’art…

L’art de voyager dans le temps
Lire Dany Laferrière, c’est se donner la permission de s’offrir l’aventure d’un voyage à travers les mots («un orgasme par les mots», dirait-on pour emprunter les mots mêmes de  l’auteur). Son œuvre, comme son discours, s’adresse donc à un public averti, un public qui a le goût des mots. «C’est un goût étrange que celui des mots…, nous confie l’auteur, rien n’est plus abstrait qu’une lettre mais rien n’est plus concret qu’un mot… Le livre est plus complexe que l’ordinateur et aussi simple à ouvrir qu’un ciel d’été…», se plaît à expliquer Dany Laferrière en citant l’écrivain argentin Borges, mais aussi Hugo, Flaubert, Maupassant et Baudelaire, pour ne nommer que ceux-là.

Une autobiographie d’idées et de réflexions
En fait, cette publication se définit, selon les termes mêmes de Dany Laferrière, comme «un roman… ou un essai lyrique qui trace l’ensemble de ses réflexions, de ses émotions, de ses sensations». En d’autres mots, il s’agit presque d’une autobiographie basée sur ses perceptions du monde, inspirées par la philosophie même de sa grand-mère, restée camouflée quelque part au fond de ses souvenirs d’enfance. Dans l’ensemble, son œuvre veut surtout nous transmettre son art de penser, son art de vivre : l’art de ne pas oublier, l’art de capturer l’instant, l’art de vivre à une époque qui vieillit mal, de dire l’écrivain.  

À travers les pages, le lecteur découvre notamment son opinion sur des sujets de l’heure comme l’importance de l’image en société, le triomphe du corps, la richesse et la pauvreté, le séisme au Japon, mais aussi le meurtre à la télé, le triomphe de la vue, le droit au silence. Bref, il fait le tour de l’actualité en décryptant les faits à travers le regard des écrivains d’ici et d’ailleurs, d’hier à aujourd’hui. Il souligne au passage la rigueur de l’hiver québécois, le sort de l’homme du Nord, tout en nous rappelant celui des Noirs en Amérique et l’histoire de l’Haïti d’hier et d’aujourd’hui.

Finalement, «L’art presque perdu de ne rien faire», c’est un merveilleux voyage culturel à travers le monde. Un tour d’horizon historique et littéraire à travers les époques et les écrivains de tous les temps. Vraiment enrichissant, parfois épuisant mais toujours ravissant pour le lecteur branché.

À découvrir!