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jeudi 7 février 2013

Depuis 117 jours, elle ne souriait jamais...


Par Caroline Latulippe, CEA de Saint-Prosper

Issue d’une famille monoparentale, Anne est une petite fille âgée de 7 ans. Elle a les cheveux bouclés et les yeux brun noisette. C’est une fillette enjouée, souriante, étincelante.

Sa mère, Lise, est sourde. Dépourvue de ses moyens, mais remplie de bonne volonté, elle veut à tout prix être aimée. Malchanceuse dans son parcours, elle s’est divorcée et séparée plusieurs fois. Elle a quatre enfants de pères différents. Avec son désir d’être aimée, un jour, elle rencontre Marcel.

Marcel est camionneur. Il a une chevelure grise, de grosses mains et une grande carrure. C’est un homme avec un regard très froid, à en donner la chair de poule. Nouvellement rentré dans la vie de sa mère, la petite Anne flaire tout de suite quel genre de beau-père il peut être, ayant déjà eu quelques expériences traumatisantes dans le passé, mais jusqu’à ce jour, sans trop de drame.

Un soir d’été, voilà 117 jours, Anne se sent très seule. Sa mère et Marcel sont sortis danser, la laissant seule sans gardienne. Anne, effrayée d’être seule, s’endort épuisée, au bout de ses larmes.

Tout à coup, elle se réveille au son de la voix à mère. Elle se lève et veut aller la retrouver pour apaiser la peur d’être seule, qui est toujours présente. Mais elle fait face à Marcel... « S’il te plait, dit-elle, je veux voir ma mère. » Et elle se met à pleurer. Marcel lui fait clairement comprendre qu’elle doit retourner se coucher et ne plus déranger. Effrayée et peinée, elle insiste encore plus en pleurant. Et c’est là que Marcel dit à  Lise : « Va te coucher et je vais m’occuper d’elle. » En colère, il ferme la porte derrière lui et pousse Anne sur le lit. Il prend sa ceinture de camionneur et se met à la frapper de toutes ses forces. Elle n’y voit que du noir. C’est un vrai cauchemar. Après avoir déversé sa rage sur Anne, il sort de la chambre. Tout en tremblant, elle va se blottir dans son placard petit et étroit. C’est le seul endroit, pour le moment, où elle trouve du réconfort.

Elle souhaite désespérément que sa mère vienne la retrouver pour la consoler, mais malheureusement rien… Lise est persuadée qu’Anne est couchée. À cause de sa surdité, jamais elle n’a pu entendre les cris de détresse qu’Anne a pu émettre tout au long de ce drame.

Le lendemain matin, Anne se réveille en douleurs et aperçoit ses pauvres jambes sous sa petite jaquette rose. Des ecchymoses de toutes les couleurs. « Enfin, se dit-elle, une façon de pouvoir prouver à ma mère quel genre de brute est cet homme au regard si froid. » Mais quelle preuve navrante pour la petite Anne! Sa mère constate l’état de ses pauvres petites cuisses. Tout de suite, elle jette un regard tuant à Marcel à côté d’elle. Enfin, avec beaucoup de remord, elle se rend compte de quel genre d’homme il est. En colère, elle le chasse dehors de la maison et lui fait bien comprendre qu’il a intérêt à ne plus revenir. La petite Anne, effrayée, se soulage du départ de Marcel au regard si froid. Sa mère prend Anne dans ses bras et la console du mieux qu’elle peut. Tout en la serrant contre elle, elle lui caresse les cheveux et verse quelques larmes. Anne vit sa souffrance dans le silence.

Ses blessures physiques disparues, Anne retrouve tranquillement goût à la vie. Malheureusement, elle porte en elle une blessure intérieure si profonde que personne ne peut la percevoir. Mais, on voit bien, par son manque de sourire et son manque de joie de vivre, qu’il y a un mystère en cette petite Anne. Mais seule Anne, sa mère et la grosse brute savent pourquoi elle ne sourit plus.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est un texte très touchant, Caroline! Tu as réussi à nous faire ressentir les émotions des personnages...
Sophie Perron