Par Caroline
Latulippe, CEA de Saint-Prosper
Issue d’une famille monoparentale, Anne est une petite fille
âgée de 7 ans. Elle a les cheveux bouclés et les yeux brun noisette. C’est une
fillette enjouée, souriante, étincelante.
Sa mère, Lise, est sourde. Dépourvue de ses moyens, mais
remplie de bonne volonté, elle veut à tout prix être aimée. Malchanceuse dans
son parcours, elle s’est divorcée et séparée plusieurs fois. Elle a quatre
enfants de pères différents. Avec son désir d’être aimée, un jour, elle
rencontre Marcel.
Marcel est camionneur. Il a une chevelure
grise, de grosses mains et une grande carrure. C’est un homme avec un regard très froid, à en donner la chair de
poule. Nouvellement rentré dans la vie de sa mère, la petite Anne flaire tout de
suite quel genre de beau-père il peut être, ayant déjà eu quelques expériences traumatisantes
dans le passé, mais jusqu’à ce jour, sans trop de drame.
Un soir d’été, voilà 117 jours, Anne se sent très seule. Sa
mère et Marcel sont sortis danser, la laissant seule sans gardienne. Anne,
effrayée d’être seule, s’endort épuisée, au bout de ses larmes.
Tout à coup, elle se réveille au son de
la voix à mère. Elle se lève et veut aller la
retrouver pour apaiser la peur d’être seule, qui est toujours présente. Mais
elle fait face à Marcel... « S’il te plait, dit-elle, je veux voir ma
mère. » Et elle se met à pleurer. Marcel lui fait clairement comprendre
qu’elle doit retourner se coucher et ne plus déranger. Effrayée et peinée, elle
insiste encore plus en pleurant. Et c’est là que Marcel dit à Lise : « Va te coucher et je vais
m’occuper d’elle. » En colère, il ferme la porte derrière lui et pousse
Anne sur le lit. Il prend sa ceinture de camionneur et se met à la frapper de toutes
ses forces. Elle n’y voit que du noir. C’est un vrai cauchemar. Après avoir déversé
sa rage sur Anne, il sort de la chambre. Tout en tremblant, elle va se blottir dans
son placard petit et étroit. C’est le seul endroit, pour le moment, où elle
trouve du réconfort.
Elle souhaite désespérément que sa mère vienne la retrouver
pour la consoler, mais malheureusement rien… Lise est persuadée qu’Anne est couchée.
À cause de sa surdité, jamais elle n’a pu entendre les cris de détresse qu’Anne
a pu émettre tout au long de ce drame.
Le lendemain matin, Anne se réveille en douleurs et aperçoit
ses pauvres jambes sous sa petite jaquette rose. Des ecchymoses de toutes les
couleurs. « Enfin, se dit-elle, une façon de pouvoir prouver à ma mère
quel genre de brute est cet homme au regard si froid. » Mais quelle preuve
navrante pour la petite Anne! Sa mère constate l’état de ses pauvres petites
cuisses. Tout de suite, elle jette un regard tuant à Marcel à côté d’elle. Enfin,
avec beaucoup de remord, elle se rend compte de quel genre d’homme il est. En
colère, elle le chasse dehors de la maison et lui fait bien comprendre qu’il a
intérêt à ne plus revenir. La petite Anne, effrayée, se soulage du départ de
Marcel au regard si froid. Sa mère prend Anne dans ses bras et la console du
mieux qu’elle peut. Tout en la serrant contre elle, elle lui caresse les
cheveux et verse quelques larmes. Anne vit sa souffrance dans le silence.
Ses blessures physiques disparues, Anne retrouve
tranquillement goût à la vie. Malheureusement, elle porte en elle une blessure
intérieure si profonde que personne ne peut la percevoir. Mais, on voit bien,
par son manque de sourire et son manque de joie de vivre, qu’il y a un mystère
en cette petite Anne. Mais seule Anne, sa mère et la grosse brute savent
pourquoi elle ne sourit plus.
1 commentaire:
C'est un texte très touchant, Caroline! Tu as réussi à nous faire ressentir les émotions des personnages...
Sophie Perron
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