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mercredi 5 février 2014

Les mères porteuses

Par Olivier Faucher, CEA de Sainte-Justine


De nos jours, de plus en plus de familles infertiles ont recouru aux mères porteuses afin d’obtenir ce qu’elles désirent plus que tout : un enfant portant leurs gènes. Cependant, cette pratique reste un sujet sensible au Canada, autant légalement qu’éthiquement. Devrions légaliser l’utilisation d’une mère porteuse dans notre pays? Personnellement, je crois que ce serait une mauvaise idée.

Tout d’abord, rappelons-nous que chaque grossesse représente un danger potentiel pour la porteuse de l’enfant, que ce soit son bébé ou celui d’un autre. En effet, les conséquences de l’accouchement ne sont pas à prendre à la légère; 15% de césariennes, 20% d’épisiotomie, sans oublier les complications post-accouchement et les dépressions post-partum. Évidemment, le problème n’est pas le fait que mettre un enfant au monde soit dangereux, mais plutôt le fait que l’on fasse subir les risques à quelqu’un d’autre. Qui sait si ce procédé ne conduirait pas à des abus par des couples qui refusent de courir ces risques?

Cependant, il ne faut pas oublier l’inverse de la médaille. Puisque, au Canada, il n’y a aucun procédé légal en ce qui concerne les mères porteuses, celles-ci peuvent décider de garder l’enfant à la dernière minute, réduisant à néant l’espoir du couple en attente. Bien sûr, d’un point de vue objectif, l’embryon ne devrait qu’être qu’une monnaie d’échange contre le paiement promis à la porteuse. Par contre, cette future vie grandit bel et bien en son ventre. Durant ce temps, cette mère s’occupe du fœtus comme s’il serait sien, se préoccupant quotidiennement de son bien-être et ce jusqu’à sa naissance. Il ne serait pas sage de sous-estimer le lien qui se crée durant les neuf mois passés ensemble qui pourraient alors rectifier la décision de la mère.

Malgré ces risques, les couples tenteront néanmoins d’avoir recours à une mère porteuse, clamant haut et fort leur liberté de faire ce choix. Bien que soit théoriquement vrai, je ne peux m’empêcher de me questionner davantage : est-ce raisonnable de rejeter l’éthique au profit du sens pratique? En légalisant cette pratique, nous ne ferons pas que faciliter l’accès à la famille pour les gens infertiles, nous ouvrons également l’accès à un nouveau marché : celui de la vie humaine. Qui sommes-nous pour mettre un prix sur un bébé? Comment réagira cet enfant lorsqu’il se rendra compte qu’il est le fruit d’un contrat fructueux? Que penseront le mari et les enfants de la mère porteuse, alors que celle-ci risque son corps contre de l’argent? Je crois qu’aucune réponse ne vaut la peine de se risquer sur cette route.

En conclusion, peu importe la façon dont j’aborde le sujet, je reste convaincu que la législation des mères porteuses n’est pas une bonne idée. Sommes-nous tombés si bas que nous pouvons vendre les vies futures?

1 commentaire:

Enseignantes a dit…

Olivier, on n'aurait pas pensé, il y a 3 mois à peine, que ce sujet serait autant d'actualité au Québec cette année! Merci pour ce texte pertinent!
Ta prof :)