Par Olivier Faucher, CEA de Sainte-Justine
De nos jours,
de plus en plus de familles infertiles ont recouru aux mères porteuses afin
d’obtenir ce qu’elles désirent plus que tout : un enfant portant leurs
gènes. Cependant, cette pratique reste un sujet sensible au Canada, autant
légalement qu’éthiquement. Devrions légaliser l’utilisation d’une mère porteuse
dans notre pays? Personnellement, je crois que ce serait une mauvaise idée.
Tout d’abord, rappelons-nous que
chaque grossesse représente un danger potentiel pour la porteuse de l’enfant,
que ce soit son bébé ou celui d’un autre. En effet, les conséquences de
l’accouchement ne sont pas à prendre à la légère; 15% de césariennes, 20%
d’épisiotomie, sans oublier les complications post-accouchement et les
dépressions post-partum. Évidemment, le problème n’est pas le fait que mettre
un enfant au monde soit dangereux, mais plutôt le fait que l’on fasse subir les
risques à quelqu’un d’autre. Qui sait si ce procédé ne conduirait pas à des
abus par des couples qui refusent de courir ces risques?
Cependant, il ne faut pas oublier
l’inverse de la médaille. Puisque, au Canada, il n’y a aucun procédé légal en
ce qui concerne les mères porteuses, celles-ci peuvent décider de garder
l’enfant à la dernière minute, réduisant à néant l’espoir du couple en attente.
Bien sûr, d’un point de vue objectif, l’embryon ne devrait qu’être qu’une
monnaie d’échange contre le paiement promis à la porteuse. Par contre, cette
future vie grandit bel et bien en son ventre. Durant ce temps, cette mère
s’occupe du fœtus comme s’il serait sien, se
préoccupant quotidiennement de son bien-être et ce jusqu’à sa naissance. Il ne
serait pas sage de sous-estimer le lien qui se crée durant les neuf
mois passés ensemble qui pourraient alors rectifier la décision de la mère.
Malgré
ces risques, les couples tenteront néanmoins d’avoir recours à une mère
porteuse, clamant haut et fort leur liberté de faire ce choix. Bien que soit
théoriquement vrai, je ne peux m’empêcher de me questionner davantage : est-ce
raisonnable de rejeter l’éthique au profit du sens pratique? En légalisant
cette pratique, nous ne ferons pas que faciliter l’accès à la famille pour les
gens infertiles, nous ouvrons également l’accès à un nouveau marché :
celui de la vie humaine. Qui sommes-nous pour mettre un prix sur un bébé?
Comment réagira cet enfant lorsqu’il se rendra compte qu’il est le fruit d’un
contrat fructueux? Que penseront le mari et les enfants de la mère porteuse,
alors que celle-ci risque son corps contre de l’argent? Je crois qu’aucune
réponse ne vaut la peine de se risquer sur cette route.
1 commentaire:
Olivier, on n'aurait pas pensé, il y a 3 mois à peine, que ce sujet serait autant d'actualité au Québec cette année! Merci pour ce texte pertinent!
Ta prof :)
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